Aujourd'hui, nous avons l'habitude de secouer la tête devant ceux qui se considèrent trop paresseux pour faire quoi que ce soit. Selon notre système social, les paresseux ne sont pas dignes d'être approuvés, car en raison de leur état, ils ne font pas ce qu'ils devraient. Par conséquent, ils sont considérés comme des personnes inférieures, faibles et sans volonté.
Nous traversons tous de temps en temps des moments de paresse, de plus ou moins grande intensité, et la raison en est d'origine évolutive. Comme toutes nos émotions, la paresse a un but précis : agir comme un frein sur notre consommation d'énergie, afin que nous puissions la mettre de côté pour le moment où nous en aurons vraiment besoin.
La paresse est l'un des 7 péchés capitaux, elle suppose la conservation de l'énergie, car nous n'avons pas toujours l'énergie nécessaire pour démarrer. Dans cette optique, laisser la paresse nous contrôler à certains moments peut être un excellent moyen de préserver notre survie. Bien que la paresse ne soit plus aussi importante aujourd'hui qu'autrefois, beaucoup d'entre nous continuent à la développer - au risque de s'en sentir coupable plus tard.
La société nous a inculqué l'idée qu'être paresseux, apathique ou inactif fait de nous des personnes médiocres, des êtres inférieurs qui méritent toutes les critiques et les regards désapprobateurs que le groupe social leur réserve. C'est précisément à cause de ce mécanisme que nous nous sentons coupables de nous montrer paresseux, pour la simple raison que cette condition n'est pas acceptée par la société.
Quand on utilise la paresse pour justifier nos peurs...
Souvent, nous pensons que nous nous sentons paresseux lorsque nous renonçons à faire quelque chose que nous avions nous-mêmes décidé de faire. Nous nous justifions en le remettant à plus tard, à un moment où nous aurons plus d'envie de faire et d'énergie. Pourtant, nous nous rendons vite compte qu'en réalité, cela n'arrivera jamais.
Les peurs peuvent se déguiser de différentes manières, et la paresse est le masque favori de la peur d'accomplir quelque chose, de la peur de ne pas réussir, ou de la peur de commencer quelque chose que nous savons ne pas être approuvé par notre entourage. Ce faisant, nous permettons à la paresse d'agir comme un outil d'évasion de la réalité.
La paresse appelle la paresse. Cela signifie que plus nous nous abandonnons à cet état d'inertie, moins nous aurons de volonté et de désir pour en sortir. Cela aura un effet négatif sur nos peurs, les faisant grandir de plus en plus et nous laissant nous accrocher à des phrases comme "J'y penserai demain" ou "Je le ferai quand j'en aurai envie".
Pour cette raison, il est important de comprendre s'il s'agit vraiment de s'arrêter un moment, de laisser de côté nos besoins et les obligations que nous nous imposons et de reprendre une homéostasie interne correcte ou si, au contraire, nous avons simplement peur d'entreprendre des activités que nous savons être importantes pour nous.
Activer la paresse sans se fixer d'objectifs
Cesser d'être paresseux ne signifie pas passer soudainement à l'autre extrême et commencer à remplir nos agendas d'objectifs inutiles. Le problème est bien plus complexe : en nous fixant trop d'objectifs, nous risquons d'accroître la force de la paresse elle-même, qui peut finir par nous submerger au moment où nous nous y attendons le moins.
Nous devons nous éloigner du canapé et de la télévision, qui nous poussent à une plus grande inactivité et ne nous aident pas à nous sentir pleinement accomplis. L'idéal est d'utiliser cette paresse pour s'engager dans des activités qui nous plaisent.
L'oisiveté et la paresse ne sont pas la même chose. Les Romains ont introduit ce terme pour le différencier de l'activité commerciale - la négation de l'oisiveté, le fait de faire quelque chose pour gagner sa vie -. Grâce à l'oisiveté, comprise dans son sens de temps libre, la personne réalise les activités qui lui sont les plus intéressantes, celles qu'elle chérit le plus en elle-même, dans sa propre intériorité.
La paresse, en revanche, doit plutôt être comprise comme un obstacle à l'accomplissement des activités, qu'il s'agisse d'activités professionnelles ou d'oisiveté, et que, de ce fait, elle sème les graines de la négligence, de la fatigue et même de la dépression, ne faisant rien d'autre que de nourrir le sentiment de culpabilité en nous.
C'est pourquoi le mieux est de toujours se maintenir au point intermédiaire, qui, comme le disait Aristote, est celui où se trouve la vertu : ne pas se laisser emporter par les obligations absolutistes de notre époque ni abandonner son ego à l'apathie.